Grace Nehmad

miércoles, 10 de abril de 2013

Je ne veux que les caresses

Aujourd'hui je suis allée donner ma première classe de poésie en français à l'Alliance française et il me faudra commencer petit à petit, même si j'ai déjà trop de travail. Cette belle classe exige toute mon attention. Alors, évidemment, je suis épuisée. J'aimerais autant me reposer en lisant mon livre de Guatemala. Mais je dois compléter tous mes travaux. En plus, je traîne car je me sens très seule et je suis fatiguée de me battre dans tous les domaines. Je suis fâchée, je veux placer une demande quelque part, car on ne doit pas laisser les autres abandonnés. Par exemple, si certains ont des nœuds de sentiments qu'ils n'arrivent point à comprendre, on devrait les emmener vers un cours intensif pour exprimer toute émotion attrapée. Ainsi, la terre resterait vide car, même si je me sens un peu plus avancée qu'autres, nous sommes tous trop primitifs dans ce sens. Mais du moins peut-être qu'on me sauverait de la distance qui me sépare des autres. Or on peut croire que j'ai besoin de classes pour donner le message de l'œuvre aux autres, pas du tout. Je meurs en vie du manque de caresses et de soutient. L'œuvre parlera toute seule, mais celle qui la porte pourra survivre ce monde? J'ai besoin d'un sourire ou d'une histoire, d'une image ou d'un cœur qui veuille m'accompagner et me dire, tiens, il fait froid et j'ai froid comme toi! Car mon milieu m'est tout à fait difficile à survivre. On ne voit point les mêmes paysages sur terre. De toute façon, ils m'aiment et on est bien ensemble avec des limites importantes. Si on parle plus profondément, ça devient impossible à gérer. Je pense que mon âme est de quelque univers beaucoup plus lointain que celui des autres. Par exemple on me dit qu'est-ce que tu as fait pour ton anniversaire? Je réponds: mes activités quotidiennes. Ils me disent, c'est dommage! Je ne réponds même plus car je pense que c'est exactement ceci ce que j'ai aimé de mon anniversaire. J'aurais aimé bavarder avec une âme sœur en profondeur, là oui j'aime! Prendre un verre de vin ou deux et bavarder, c'est tout! Mais pour le reste, ça m'est égal. Tout le monde aime aller danser ou avoir une énorme fête. Je ne veux point de ça, une seule personne pour bavarder en profondeur. Et discuter sur la vie, ses joies et ses détresses. Parler sur nos vies et nos rêves. Bien sûr que cette personne doit être une âme sœur. J'ai quelques unes sur cette terre. Les autres sont gentils et tout et
tout, mais pas pour cette sorte de soirée.  Or certains pensent qu'il faut blesser les autres dans leurs sentiments, pour qu'ils apprennent. Pas moi, nous sommes tous aussi dépourvus d'amour! Et mon meilleur cadeau pour les autres c'est de leur faire un poème ou une peinture pour leur anniversaire. Ça ne leur intéresse guère, ils veulent d'autres choses et je me sens mal car je n'arrive point à leur faire comprendre que je me donne complète dans un poème où une peinture et qu'il s'agit de mon meilleur cadeau. Le meilleur cadeau que j'ai reçu a été de Jane, ma professeur de français. Elle m'a donner une revue sur une exposition qu'on fait à Paris sur Verlaine des deux ans qu'il a fait de prison pour avoir blessé Rimbaud. Et je n'ai pas le temps pour lire, pour être avec moi où dans des conversations profondes avec mes âmes sœurs. C'est trop de bruit sur terre, trop de voitures et trop de tout. Alors la solitude qui m'habite est plutôt la sensation constante de me savoir rejetée et de n'arriver point à communiquer les caresses qui me manquent et les masques horribles que je vois sur les autres. C'est quoi ce qui me fera plus forte, qu'on me gronde parce qu'on m'aime ou qu'on me caresse? Ça suffit, je
ne veux que les caresses des autres, pour le reste, le monde est déjà assez insupportable et me donne toutes les leçons dont j'ai besoin. De ceux qui croisent ma vie, je ne veux que des caresses, des histoires, des rêves partagés.

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